quinta-feira, 19 de junho de 2014

GASTRONOMIE

    La cuisine, centre d'art appliqué à l'alimentation dans la plaine du Quercy

    17 juin 2014
    Faire vivre un centre d'art, sur les ruines d'un château, en lien avec la campagne qui l'environne : c'est le pari du village de Négrepelisse, en Tarn-en-Garonne, Midi-Pyrénées, concrétisé en verre et acier par les architectes espagnols de RCR, déjà auteurs du Musée Soulages dans l'Aveyronvoisin.
    Dans la plaine agricole, à quinze kilomètres de Montauban, Négrepelisse indique encore sur les panneaux à l'entrée de village: "ruines du château du XIIIe siècle". Mais c'est entre les courtines de cet ancien édifice fortifié de ce village du Quercy qu'a ouvert La cuisine, "centre d'art et de design appliqués à l'alimentation".
    La structure, qui fonctionnait déjà depuis plusieurs années, s'est installée en janvier 2014 dans ces nouveaux murs.
    Audacieux pour un département essentiellement agricole jusqu'alors dépourvu de centre d'art, le projet se trouve aujourd'hui parfaitement servi par le cabinet d'architectes RCR, fondé en 1987 à Olot (Espagne) par un trio de Catalans - Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta - et aujourd'hui internationalement reconnu.
    Comme il l'avait fait de façon exemplaire à Rodez (Aveyron) pour le musée du peintre Pierre Soulages, RCR a conçu à Négrepelisse un bâtiment qui respecte les lignes de force du site. Leur structure horizontale, en verre et acier Corten, s'adosse à ce qui restait du château édifié il y a 700 ans, quand des vicomtes faisaient peser là leur autorité de seigneurs. Elle ne s'impose pas au paysage ni au village, mais ménage des ouvertures sur la nature environnante, le clocher de l'église voisine, l'Aveyron coulant en contrebas...

    Centre d'art avec fourneaux

    En plus d'un atelier pour les artistes et designers qui y sont accueillis en résidence, le lieu se flatte d'être "le seul centre d'art en France doté d'une cuisine d'expérimentation", prolongé par une salle d'exposition et un auditorium, tandis qu'un centre de documentation se niche dans une petite tour soigneusement réhabilitée.
    Ce nouveau lieu de culture pourrait sembler a priori seulement dans l'air du temps, alors qu'on n'a jamais autant parlé des aliments ou de la cuisine, tout en généralisant les nourritures strandardisées, prêtes à consommer, prêtes à jeter... Mais, ici, "l'alimentation s'est imposée comme une thématique fédératrice parce que le Tarn-et-Garonne est l'un des premiers départements producteurs de fruits et légumes", souligne la directrice artistique.
    Au-delà du "eat art" centré sur la nourriture et les rituels des repas, initié il y a plus de 50 ans par l'artiste plasticien suisse d'origine roumaine Daniel Spoerri, La cuisine veut tout questionner, des us et coutumes de la table jusqu'à la façon dont les paysages sont construits avec l'agriculture.
    Il accueille actuellement l'exposition d'une artiste plasticienne de 38 ans, Suzanne Husky, qui a résidé un an et demi au village et s'attache aux "petites choses qui constituent la réalité d'un monde agricole loin de toute forme industrielle". Le service de table en faïence qu'elle a créé est un reflet - faussement naïf - du Négrepelisse 2014 : dans les assiettes, apparaissent une moissonneuse-batteuse, le cimetière, un camion militaire annonçant "l'armée de Terre recrute", une manifestation contre "l'agrobusiness", une autre contre le gaz de schiste...
    Jusqu'en 2016, La cuisine veut "interroger les relations ambiguës et problématiques que l'homme entretient avec le vivant". Avec son territoire comme matière première.

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