sábado, 19 de outubro de 2013

L'expulsion de la famille de Leonarda "conforme à la réglementation"

L'expulsion de la famille de Leonarda "conforme à la réglementation" Print Email L'expulsion controversée de Leonarda Dibrani et de sa famille est "conforme à la réglementation en vigueur", mais les forces de l'ordre "n'ont pas fait preuve du discernement nécessaire" en prenant en charge la collégienne lors d'une sortie scolaire, conclut le rapport de l'enquête administrative. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a présenté samedi matin au président François Hollande et au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les conclusions de ce rapport, ensuite mis en ligne, qui recommande de "proscrire plus explicitement toute intervention dans les espaces et le temps scolaires et périscolaires". "La décision d'éloigner la famille Dibrani est justifiée en droit", affirme l'Inspection générale de l'administration (IGA) dans ce rapport d'une vingtaine de pages commandé mercredi par le ministre de l'Intérieur. "Il ressort de tous ces éléments que le refus d'autorisation de séjour (...) et la décision de mise en oeuvre de l'éloignement de la famille Dibrani étaient conformes à la réglementation en vigueur", ajoutent les inspecteurs. Toutefois, les conditions d'interpellation de Leonarda, confiée aux forces de l'ordre en pleine sortie scolaire, le 9 octobre, en vue de son expulsion vers le Kosovo, sont critiquées par l'enquête. Ce sont ces conditions controversées qui ont mis le feu aux poudres et valu à Manuel Valls des attaques jusque dans son camp. "Essentiellement focalisées sur l'objectif de parvenir à regrouper la famille et de ramener la jeune fille auprès de sa mère, l'attention des forces de l'ordre n'a pas été éveillée par le fait que Leonarda Dibrani se trouve dans un bus dans le cadre d'une sortie scolaire", expliquent les auteurs du rapport. "Elles n'ont pas pris la mesure des enjeux que représenterait une intervention pour interrompre cette sortie", ni "évalué les conséquences possibles", et "en ce sens, elles n'ont pas fait preuve du discernement nécessaire", affirme l'IGA, tout en assurant que la préfecture du Doubs n'avait pas été saisie de cette question. L'inspection générale assure qu'il s'agit d'une situation "exceptionnelle". "Pour éviter qu'elle se reproduise, les instructions déjà anciennes relatives aux espaces scolaires et aux interventions proches de cet espace mériteraient d'être précisées, de façon à proscrire plus explicitement toute intervention dans les espaces et le temps scolaires et périscolaires", recommande l'IGA. Le rapport d'enquête dresse par ailleurs un portrait sombre du père de Leonarda Dibrani, dont, dit-il, le comportement "ne dénotait pas +une réelle volonté de s'intégrer à la société française+", avec notamment une "absence de recherche sérieuse d'emploi". Selon les inspecteurs, Resat Dibrani a "été placé en garde à vue pour un cambriolage" en octobre 2010, "mis en cause comme auteur dans un vol commis dans une déchetterie" puis encore placé en garde à vue, début 2013, lorsque ses filles aînées ont "fait état de violences exercées par leur père" avant de se rétracter. La famille a laissé le logement mis à sa disposition "dans un état de dégradation avancée" et "M. Dibrani n'a pas hésité à user de menaces afin d'éviter d'être expulsé de cet appartement", poursuit l'IGA. Enfin, le rapport fait état d'"absences répétées des enfants au sein des écoles et collèges" fréquentés. Leonarda a ainsi, selon l'enquête, été absente 66 demi-journées en 6e, 31 en 5e, 78 en 4e et 21,5 depuis le début de l'année scolaire en cours. Un professeur de l'adolescente "a en revanche souligné sa volonté d'intégration et ses progrès", toujours selon le rapport. Resat Dibrani, le père de Leonarda, a déclaré samedi matin que ce rapport est "une catastrophe". "C'était dur jusqu'à présent, mais ceci est une catastrophe. Nous ne baissons pas les bras. Mes enfants étaient intégrés en France, nous continuons le combat car mes enfants sont ici (ndlr: au Kosovo) des étrangers", a déclaré M. Dibrani à l'AFP, réagissant à la publication de ce rapport. "La police dit qu'elle n'a commis aucune erreur et pourtant sa plus grande erreur est d'avoir affirmé que mes enfants sont du Kosovo alors qu'ils ne le sont pas", a-t-il poursuivi. "Je ne veux pas vivre ici. Pour moi c'est un pays étranger. Je veux revenir en France, je veux rentrer chez moi", a, de son côté, déclaré Leonarda avant d'éclater en pleurs. A l'annonce de la nouvelle, un silence de plomb s'est installé dans la chambre où sont réunis les Dibrani. Leurs regards sont vides. Incrédules, ils refusent de faire la moindre déclaration supplémentaire.