quarta-feira, 22 de junho de 2011

LA FRANCE EN GUERRE

Libye: première division des Alliés de l'Otan sur la poursuite des frappes


TRIPOLI (AFP) - 22.06.2011 14:46

L'Italie a ouvert la voie à une sérieuse division au sein de l'Otan en demandant mercredi un cessez-le feu en Libye, une éventualité aussitôt rejetée par Paris et le chef de l'Alliance.





Des rebelles libyens marchent sur une affiche représentant Kadhafi à Benghazi, le 22 juin 2011

L'Italie a ouvert la voie à une sérieuse division au sein de l'Otan en demandant mercredi un cessez-le feu en Libye, une éventualité aussitôt rejetée par Paris et le chef de l'Alliance.



AFP - Patrick Baz



Le président du conseil italien Silvio Berlusconi et le ministre des Affaires étrangères Franco Frattini au Parlement le 22 juin 2011 à Rome

Après une série de bavures qui a entaché la campagne "Protecteur unifié", le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a estimé que "la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate" dans le pays en proie à un conflit depuis plus de quatre mois.



AFP - Alberto Pizzoli

Des bâtiments détruits par des frappes de l'Otan, selon les affirmations du gouvernement libyen, le 19 juin 2011 à Tripoli

Mais l'Alliance a insisté sur le fait qu'un raid aérien mené lundi à Sorman, à l'ouest de Tripoli et qui a fait selon les autorités libyennes 15 morts, dont trois enfants, avait frappé une "cible militaire légitime".



AFP/Archives - Mahmud TurkiaL'Italie a ouvert la voie à une sérieuse division au sein de l'Otan en demandant mercredi un cessez-le feu en Libye, une éventualité aussitôt rejetée par Paris et le chef de l'Alliance.



Après une série de bavures qui a entaché la campagne "Protecteur unifié", le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a estimé que "la suspension des actions armées est fondamentale pour permettre une aide immédiate" dans le pays en proie à un conflit depuis plus de quatre mois.



Une proposition aussitôt rejetée par la France, estimant qu'une pause, même à des fins humanitaires, risquerait de permettre au leader contesté Mouammar Kadhafi "de gagner du temps et de se réorganiser".



A Bruxelles, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, s'est voulu clair: l'Otan va "continuer" ses opérations pour éviter que "d'innombrables civils supplémentaires perdent la vie".



Pays abritant le quartier général de l'opération et des bases aériennes d'où décollent les bombardiers alliés, l'Italie a jeté un pavé dans la mare en dénonçant les raids contre les civils et l'enlisement du conflit.



Un arrêt immédiat des hostilités "permettrait d'éviter ce que le CNT (Conseil national de transition, instance dirigeante de la rébellion) craint, à savoir une consolidation de la partition en deux de la Libye", a dit M. Frattini, à la veille d'un Conseil européen à Bruxelles.



Se référant aux opérations de l'Otan, M. Frattini a également réclamé "des informations détaillées" et préconisé des "consignes claires et précises", après les erreurs "dramatiques" qui ont conduit à toucher des civils.



"Ce n'est clairement pas la mission de l'Otan", a-t-il ajouté.



De son côté, le secrétaire général sortant de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui a soutenu le lancement des frappes aériennes en Libye, a fait part de ses "scrupules" après les pertes civiles.



"Quand je vois des enfants se faire tuer, mon devoir est d'avoir des scrupules. C'est pourquoi j'ai mis en garde contre le risque de pertes civiles", a déclaré M. Moussa.



L'Alliance atlantique a reconnu avoir tué par erreur neuf civils lors d'une frappe nocturne à Tripoli dimanche. Le 16 juin, l'Otan avait également frappé accidentellement une colonne de véhicules rebelles dans la région de Brega.



Mais l'Alliance a insisté sur le fait qu'un raid aérien mené lundi à Sorman, à l'ouest de Tripoli et qui a fait selon les autorités libyennes 15 morts, dont trois enfants, avait frappé une "cible militaire légitime".



Ce raid a visé une résidence de Khouildi Hmidi, un vieux compagnon de route du colonel Kadhafi.



Malgré les critiques, l'Otan semble entrer dans une nouvelle étape dans ses opérations en Libye, en visant notamment les points de contrôle érigés sur les routes menant à Tripoli et les véhicules militaires légers équipées de canons anti-aériens ou de lance-roquettes.



Elle s'est défendu d'avoir visé mardi deux check-point aux alentours de Khoms, à 120 km à l'est de Tripoli, comme indiqué par la télévision libyenne qui a qualifié les cibles visées de "civils". Un responsable de l'Otan a assuré que les objectifs visés étaient tous "clairement militaires".



Dans son rapport quotidien, l'Otan a indiqué avoir visé mardi des véhicules militaires aux environs de Nalout et Zenten, dans la région montagneuse d'Al-Jabal Al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, théâtre depuis plusieurs semaines de violents affrontements entre rebelles et forces loyalistes.



L'Alliance a précisé avoir aussi visé d'autres cibles aux environs de Zlitan à 40 km à l'ouest de la ville rebelle de Misrata, où elle a essuyé mardi sa première perte en Libye, un hélicoptère drone américain.



Misrata a encore fait l'objet mercredi de tirs de "roquettes" des "pro-Kadhafi", faisant un nombre de blessés parmi les femmes et les enfants", selon un communiqué de la rébellion, qui a également fait état de l'exode de milliers de familles originaire de la région de cette enclave.



Au niveau diplomatique, la rébellion a enregistré un nouveau succès mercredi après que la Chine a reconnu le CNT comme "interlocuteur important", mettant fin à sa politique de non ingérence dans ce conflit, trois semaines après ses premiers contacts avec la rébellion.



Le CNT a été reconnu comme "représentant légitime" du peuple libyen par une quinzaine de pays.



D'autre part, l'Organisation de la conférence islamique a annoncé avoir dépêché une mission en Libye pour préparer une médiation en vue d'un règlement de la crise dans ce pays.



La mission, dirigée par le chef du département politique de l'OCI, Mahdi Fathallah, doit rencontrer des responsables du régime et de la rébellion.



Depuis le 15 février, le conflit a fait entre "10.000 et 15.000" morts et obligé près de 952.000 personnes à prendre la fuite, selon des organisations internationales.

© 2011 AFP