sábado, 22 de junho de 2013

Manifestations au Brésil : l'étincelle "Passe Livre" Après deux semaines de manifestations, les représentants de Passe Livre fêtent ce jeudi leur première grande victoire : la mairie de Sao Paulo vient de renoncer à l’augmentation de 20 centimes des billets de bus et métro qui avait mis le feu aux poudres. Passe Livre souhaite surfer sur le succès inattendu et massif de la mobilisation. Le mouvement vise maintenant la totale gratuité des transports en communs. Qui sont ses représentants ? Quelles sont leurs ambitions ? Reportage. Dilma Roussef tente de calmer les Brésiliens 22.06.2013 - Durée : 1:37 par Nicolas Dudouet Un problème de lecture vidéo ? Cliquez-ici. Une nuit de guerilla urbaine dans les rues du Brésil 21.06.2013 - Durée : 1'46 Par Nicolas Dudouet Un problème de lecture vidéo ? Cliquez-ici. Rencontre avec "passe livre" 20.06.2013 Par Octave Bonnaud, Sao Paulo "La gauche a toujours une énorme difficulté à obtenir des victoires objectives qui impactent directement la vie de la population. Mais quand les gens luttent ensemble et descendent dans les rues, cela montre qu’il est possible d’inverser cette tendance." Daniel Guimarães, du mouvement Passe Livre ne cache pas son enthousiasme sur le site de l’hebdo Carta Capital. Quelques heures après le recul de Fernando Haddad et Gerard Ackmin, respectivement maire de Sao Paulo et gouverneur d’Etat, Passe Livre, que l’on pourrait traduire par 'Laissez-Passer', fixe un nouveau mot d’ordre à ses 1 600 000 contacts sur Facebook : la lutte pour la gratuité des transports collectifs. Et il appelle à un nouveau rassemblement dès ce jeudi 20 juin. Comme pour les précédents rassemblements, aucune demande d’autorisation de manifestation ne sera demandée aux autorités. Ces dernières apprendront comme tout le monde le lieu du prochain rendez-vous en consultant les événements Facebook de Passe Livre : "On ne veut pas que la police nous empêche de manifester, on ne communique donc aucune information sur le chemin prévu pour le défilé. Mais pendant le rassemblement, un militant du mouvement reste en contact permanent avec les autorités," nous explique Erica de Oliveira, l’une des porte-parole de ce mouvement né en 2005, en marge du forum social de Porto-Alegre. Première manifestation à Sao Paulo, le 6 juin 2013 - Page Facebook de "Passe Livre" "On a été surpris par l'ampleur de la mobilisation" Il y a un mois, cette association militante – très bien implantée à Florianopolis où elle a déjà obtenu des baisses de tarifs de transport - ne comptait que quelques dizaines de militants actifs à Sao Paulo. Visiblement assez pour allumer la mèche du plus grand mouvement social brésilien de ces vingt dernières années. "C’est vrai qu’on a été surpris par l’ampleur de la mobilisation qui s’est répandue partout au Brésil. Mais on savait dès le départ qu’on serait nombreux à Sao Paulo. La majorité des citoyens se déplace en transports publics et personne ne veut payer plus pour une qualité de transport collectif aussi défaillante," s’insurge Erica. En un an, un usager qui achète deux tickets de métro par jour du lundi au vendredi, dépense l’équivalent de trois mois de salaires minimum. "Une fois que Sao Paulo s’est mobilisé, tout le reste du Brésil a suivi. Actuellement, nous estimons que 37 millions de Brésiliens sont exclus des transports publics car ils ne peuvent pas se payer de tickets de bus ou métro. Nous disons que le transport collectif est un droit fondamental, c’est ce qui permet d’aller à l’hôpital, de travailler ou d’accéder aux loisirs," estime Erica. Le transport représente le troisième poste de dépenses des familles brésiliennes. Une manifestante à Sao Paulo. Photo extraite de la page Facebook du mouvement "Passe Livre". Révolte du vinaigre D’abord assimilés à des "vandales" ou des "anarchos-punks" par une partie de la presse brésilienne, les représentants du mouvement ne sont plus perçus de la même manière après les dérapages de la Police militaire du 13 juin dernier : "les images de la répression de la manifestation (du 13) ont beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Les gens ont compris que nous n’étions pas des casseurs, mais que c’est la Police militaire qui voulait nous empêcher de manifester. A partir de là, le mouvement a pris une autre ampleur," analyse Erica. La mise en détention d’un journaliste accusé de porter une bouteille de vinaigre afin de se protéger des lacrymogènes donnera le coup d’envoi de la Révolte du Vinaigre, avec des mobilisations dans 40 villes dont 11 capitales d’Etat le lundi 17 juin. Pendant ce temps là, à Sao Paulo, le nombre de manifestants passait de 15 000 à 65 000 ; le mardi 18, ils étaient encore 50 000 autour de revendications qui dépassent largement la question des transports. A l’image du mouvement Passa Livre, qui compte de nombreux militants étudiants ou professeurs, les manifestants sont majoritairement jeunes et issus de la classe moyenne : 77% ont un niveau d’étude supérieur et la majorité ont moins de 25 ans, selon une étude Data-Folha réalisée lors de la manifestation du 17 juin dernier. Porté par les réseaux sociaux, ce mouvement horizontal qui compte des dizaines de collectifs, se mobilise contre l’incurie des services publics, les dépenses somptuaires occasionnées par la Coupe du Monde, mais aussi l’impunité des politiques mis en cause dans des affaires de corruption.

quarta-feira, 5 de junho de 2013

LE TRAVAIL AU BRÉSIL

L'enfer des lois sur le travail, trop de dépenses, pas assez de rentrées…Après avoir fait le tour des points forts du Brésil, voici quelques faiblesses susceptibles de ralentir l'économie du pays. Le Brésil qui patine 1: l’enfer des lois sur le travail 70 ans de lois sur le travail et 18 millions de travailleurs sans contrat d’emploi en bonne et due forme, soit 20% de toute la main d’œuvre du pays. C’est un constat bien amer, qui a terni la célébration 70ème anniversaire de la CLT, la "Consolidation des Lois du Travail", fêté le 1er mai par les différents syndicats du pays. La CLT a été instaurée en pleine dictature par Getúlio Vargas, à la fin des années 1930, et ses 922 articles s’inspirent des lois corporatistes du fascisme mussolinien d’alors. Ces 922 articles sont toujours en vigueur aujourd’hui, paralysant le marché du travail et augmentant singulièrement le coût de production. C’est ainsi que les employeurs doivent obéir à 1.700 règles, normes et directives différentes lorsqu’ils engagent un salarié. Le coût de l’heure de travail est ainsi de 11,65 US$ au Brésil contre 6,48 au Mexique, certes, encore sans comparaison avec le coût horaire des Etats-Unis (35,53 US$) ou de la France (42,12 US$), mais largement plus élevé que dans les autres pays émergents et les voisins latino-américains. Ceci pour une productivité brésilienne qui est à la traîne de ces pays. Autre boulet imposé par la CLT, la cotisation syndicale obligatoire, que chaque patron et chaque employé est tenu de verser mensuellement. Un impôt social parmi d’autres, mais dont la caractéristique c’est qu’il est entièrement reversé aux syndicats. Lesquels ne se privent pas de se multiplier à vitesse grand V pour profiter de cette manne, dont le montant total s’élève à 2,4 milliards de R$ par an (920.000 d’€). C’est ainsi que chaque année 250 nouveaux syndicats voient le jour. Ils sont aujourd’hui 15.000 au total, 2.050 ont été créés depuis 2005. Cela forme une nébuleuse d’entités sans force et sans coordination, que n’arrive plus à contrôler les principales centrales syndicales, et qui alimente une armée de bureaucrates. "La réforme syndicale est encore plus urgente que la réforme des lois du travail", affirment les juristes, mais aussi un nombre non négligeable de leaders syndicaux. Le Brésil qui patine 2 : trop de dépenses, pas assez de rentrées… L’industrie déçoit, le gouvernement continue à gaspiller et l’inflation monte… Au terme de ce premier trimestre 2013, les chiffres ne sont pas conformes aux attentes. Les analystes prévoyaient une augmentation de la production industrielle de 1,3% en mars par rapport à février, elle n’a été que de 0,7%. Un très mauvais indicateur, alors que le secteur des machines avait déjà reculé de 2,7% en 2012 et qu’on attendait une récupération cette année. Seule consolation, une relative croissance des biens de capitaux. Cela laisserait supposer que l’industrie s’équipe pour pouvoir répondre à une augmentation de la demande au second trimestre 2013. En y regardant de plus près, ce n’est pas si sûr: l’essentiel de ces investissements concernent l’achat de véhicules, et plus particulièrement de camions, mais pas de machines. Pendant ce temps, les pouvoirs publics continuent allègrement à dépenser plus qu’ils n’encaissent: 4,6% de dépenses de plus durant les 3 premiers mois de 2013, en comparaison avec la même période de 2012 et un repli de 2,55% des rentrées fiscales. L’Etat, toujours aussi dépensier, donne un mauvais signal, qui contribue à alimenter l’inflation. C’est devenu une préoccupation de premier plan pour la Banque centrale et les autorités depuis qu’elle a crevé le plafond admis de 6,5%. C’était en avril et cela menace de ne pas faiblir durant le reste de l’année, alors que la reprise économique est plus anémique que prévu. Pour faire face à ce scénario, le gouvernement étudie de nouvelles coupes budgétaires, pour un montant variant de 25 à 35 milliards de R$. Le chiffre est bien inférieur à celui des économies qui étaient discutées en 2012, 50 milliards de R$, car le gouvernement ne veut pas entrer sur le terrain des mesures d’austérité pour ne pas compromettre la fragile relance. Il a donc les mains liées par la nécessité de procéder à des investissements importants dans les infrastructures afin de redonner au pays un peu de compétitivité. Les analystes anticipent maintenant que l’objectif fiscal de dégager un surplus de 159 milliards de R$ en fin d’année, nécessaire pour assurer le financement des intérêts de la dette, ne sera pas atteint. C’est sans conséquence à cours terme pour l’équilibre de la balance des payements, le Brésil est aujourd’hui peu endetté, mais ces révisions successives à la baisse et le maintien d’un niveau trop élevé des dépenses de l’Etat contribuent à décrédibiliser la politique économique des autorités et, en conséquence, affaiblissent sa position sur les marchés.