sábado, 29 de setembro de 2012

EUROPE EN CRISE

Grèves générales au sud de l'Europe : les syndicats contre l'austérité


Une grève générale se tient ce 26 septembre en Grèce à l'appel des syndicats des secteurs privé et public. Le Pays Basque et une partie de l'Espagne suivent le mouvement alors que le Portugal s'apprête à faire de même. Contre l'austérité imposée aux peuples, le syndicalisme et la lutte sociale sont-ils en train de trouver un nouveau souffle grâce à l'échelon européen ?



Manifestation contre l'austérité à Salonique (nord de la Grèce) le 8 septembre dernier (photo AFP)

25.09.2012Par Pascal HérardC'est la première grève générale nationale que le nouveau gouvernement de coalition grec fraîchement élu en juin doit gérer. Une grève motivée par les mêmes causes qu'avant le scrutin : les coupes budgétaire, la baisse des pensions de retraite couplées aux mesure de réduction des salaires, tant dans le secteur public que privé sont drastiques depuis deux ans. Toutes ces mesures qui ont mené à une réduction des salaires du secteur privé de plus de 20%, à des administrations au bord de la cessation de paiement ont toujours été "vendues" aux électeurs comme nécessaires pour améliorer l'économie : mais cette austérité a eu jusqu'à présent un effet inverse à celui souhaité, puisque le PIB grec selon les prévisions les plus optimistes, va encore reculer cette année de 7%.



Le nouveau plan de réduction des dépenses publiques prochainement voté à l'assemblée et visant à économiser près de 12 milliard d'euros doit permettre à la Grèce de recevoir la nouvelle tranche du plan d'aide européen de 31,5 milliard d'euros. Ces réductions de dépenses vont toucher principalement les collectivités locales. Ecoles et hôpitaux risquent de payer le prix fort des demandes de Bruxelles…



AU DELÀ DE LA GRÈCE…



Sur la péninsule ibérique, tandis que les Indignés marchaient le mardi 25 septembre sur le Congrès des députés à Madrid, les deux plus importantes organisations syndicales du Pays basque sud, ELA et LAB ont déclaré une grève générale, elles aussi ce 26 septembre. Elles sont rejointes par d'autres organisations comme la CGT-LKN, la CNT, ainsi que de nombreuses associations et organisations sociales. Des appels ont été lancés aux grandes organisations syndicales espagnoles qui semblent monter un peu plus au créneau face à la politique du gouvernement Rajoy : une grève des trains de 24 heures, pour dénoncer la politique de libéralisation du rail s'est déroulée le 17 septembre dernier, et les coupes dans les dépenses sociales, de santé, d’éducation, dans les services publics de base, poussées par des privatisations de plus en plus mal vécues, peuvent laisser penser que ce types d'actions risquent de s'amplifier.



Le Portugal sera en grève générale ce 29 septembre après la manifestation géante contre l'austérité du 15 septembre qui a réuni un million de personnes dans les rues des plus grandes villes, dont 500 000 dans la capitale. Un nouveau vent de révolte syndicale de grande ampleur est-il en train de prendre forme dans les pays du sud de l'Europe frappés par les mesures d'austérité imposées par l'UE, la BCE et le FMI ?



UN MOUVEMENT EUROPÉEN SYNDICAL CONTRE L'AUSTÉRITÉ ?



Si la contestation sociale enfle au sein de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal, de plus en plus portée par des actions syndicales fortes, la question d'une coordination, voire une unification de ces mouvements au sein de l'Union se pose immanquablement. La Confédération européenne des syndicats (CES), dans le cas du Portugal, a pris récemment position (vis à vis de la politique d'austérité de Bruxelles) par le biais de sa secrétaire générale, Madame Bernadette Ségol, qui déclarait le 4 septembre 2012 : « La situation au Portugal montre clairement toutes les limites et l’inefficacité de l’austérité et des coupes budgétaires à répétition. Nous demandons à la Troïka d’en tirer les leçons, et de changer radicalement d’approche ».



La CES, qui, au delà de se battre "pour une Union européenne ayant une dimension sociale forte et un cadre macroéconomique équilibré qui tienne pleinement compte des besoins et des aspirations de ses citoyens" est aussi un acteur syndical européen "qui participe à l'élaboration des politiques économiques et sociales au plus haut niveau". Cette organisation prend donc part au sommet social tripartite, entretient des rapports étroits avec un intergroupe de députés, coordonne la participation des syndicats au sein du Comité économique et social européen (CESE), rencontre aussi la BCE : sa capacité d'action lui permet-elle pour autant d'influencer les décisions de la Troïka ?



Au vu des deux années passées et de l'application de la politique de réduction des déficits un peu partout en Europe, on peut douter de la capacité de la Confédération syndicale à faire changer l'orientation prise dans l'Union, malgré ses appels et préconisations : « Pour sortir durablement de la crise, il faut définitivement abandonner les mesures d’austérité qui ont appauvri des millions de citoyens en Europe et étouffé toute possibilité de reprise. Les délais de paiement imposés au Portugal sont socialement inacceptables. Il est temps de céder véritablement la place à des mesures favorisant une croissance durable, des emplois de qualité et des salaires décents, telles que celles proposées dans le Contrat social pour l’Europe de la CES .



Mais les temps changent, et la crise s'accentuant, la radicalisation syndicale s'étend, se renforce et pourrait devenir un facteur de changement vis-à-vis des politiques d'austérité.



Joseph Niemiec, secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats européens

LES SYNDICATS PEUVENT-ILS FAIRE RECULER LA TROÏKA ?



Le secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats européens, le Polonais Joseph Niemiec, pense qu'une coordination syndicale européenne forte, à même d'organiser des grèves générales, est possible : "nous avons déjà réussi à faire des manifestations d'opinion d'ampleur européenne, à plusieurs reprises. Nous pensons que ce qu'il se passe pour le Sud (la politique d'austérité, NDLR) n'est pas seulement mauvais pour le Sud, mais aussi pour le Nord. Nous n'avons pas encore réussi à organiser des grèves générales coordonnées entre plusieurs pays, mais nous allons mener une campagne européenne à partir d'octobre et cela pourrait devenir une réalité".



La problématique actuelle, pour les syndicats des différents pays de l'union monétaire, est d'ordre législatif et social, selon le responsable de la CES : "passer à une action de grève européenne sur toute la zone euro, nous n'en somme pas là : il y a des règles différentes entre chaque pays, certains ont des secteurs qui ne sont pas touchés, parce qu'il n'y a pas d'enjeu dans leur pays. C'est une des raisons. L'autre raison est de nature sociale, parce que pour adhérer à une grève il faut convaincre le travailleur. En Finlande ou en Allemagne, c'est très difficile."



Mais pourquoi ne pas mener des grèves générales coordonnées seulement dans certains pays, comme ceux du Sud ? "Nous n'excluons plus aucune piste, parce que la situation devient extrêmement grave. Il est possible que nous puissions organiser des grèves générales dans certaines régions européennes", affirme le secrétaire général adjoint de la CES.



La "règle d'or" sera bientôt ratifiée avec le traité de stabilité budgétaire, et pour l'avenir, Joseph Niemiec estime que si les syndicats des pays du Nord, les plus riches, ne sont pas prêts à s'engager dans une action de revendication sociale forte, il n'est est pas de même pour les pays d'Europe centrale : "Il y a eu la Bulgarie l'hiver dernier, puis au printemps, la Pologne, qui d'ailleurs remet ça avec une grande manifestation prévue en octobre. En République tchèque il y a eu aussi des tensions. Nous allons avoir de plus en plus de problèmes dans ces pays là, et de plus en plus d'implication des syndicats

CRISE EN EUROPE

Grèves générales au sud de l'Europe : les syndicats contre l'austérité




Une grève générale se tient ce 26 septembre en Grèce à l'appel des syndicats des secteurs privé et public. Le Pays Basque et une partie de l'Espagne suivent le mouvement alors que le Portugal s'apprête à faire de même. Contre l'austérité imposée aux peuples, le syndicalisme et la lutte sociale sont-ils en train de trouver un nouveau souffle grâce à l'échelon européen ?

Manifestation contre l'austérité à Salonique (nord de la Grèce) le 8 septembre dernier (photo AFP)25.09.2012

Par Pascal Hérard

C'est la première grève générale nationale que le nouveau gouvernement de coalition grec fraîchement élu en juin doit gérer. Une grève motivée par les mêmes causes qu'avant le scrutin : les coupes budgétaire, la baisse des pensions de retraite couplées aux mesure de réduction des salaires, tant dans le secteur public que privé sont drastiques depuis deux ans. Toutes ces mesures qui ont mené à une réduction des salaires du secteur privé de plus de 20%, à des administrations au bord de la cessation de paiement ont toujours été "vendues" aux électeurs comme nécessaires pour améliorer l'économie : mais cette austérité a eu jusqu'à présent un effet inverse à celui souhaité, puisque le PIB grec selon les prévisions les plus optimistes, va encore reculer cette année de 7%.



Le nouveau plan de réduction des dépenses publiques prochainement voté à l'assemblée et visant à économiser près de 12 milliard d'euros doit permettre à la Grèce de recevoir la nouvelle tranche du plan d'aide européen de 31,5 milliard d'euros. Ces réductions de dépenses vont toucher principalement les collectivités locales. Ecoles et hôpitaux risquent de payer le prix fort des demandes de Bruxelles…



Au delà de la Grèce…



Sur la péninsule ibérique, tandis que les Indignés marchaient le mardi 25 septembre sur le Congrès des députés à Madrid, les deux plus importantes organisations syndicales du Pays basque sud, ELA et LAB ont déclaré une grève générale, elles aussi ce 26 septembre. Elles sont rejointes par d'autres organisations comme la CGT-LKN, la CNT, ainsi que de nombreuses associations et organisations sociales. Des appels ont été lancés aux grandes organisations syndicales espagnoles qui semblent monter un peu plus au créneau face à la politique du gouvernement Rajoy : une grève des trains de 24 heures, pour dénoncer la politique de libéralisation du rail s'est déroulée le 17 septembre dernier, et les coupes dans les dépenses sociales, de santé, d’éducation, dans les services publics de base, poussées par des privatisations de plus en plus mal vécues, peuvent laisser penser que ce types d'actions risquent de s'amplifier.



Le Portugal sera en grève générale ce 29 septembre après la manifestation géante contre l'austérité du 15 septembre qui a réuni un million de personnes dans les rues des plus grandes villes, dont 500 000 dans la capitale. Un nouveau vent de révolte syndicale de grande ampleur est-il en train de prendre forme dans les pays du sud de l'Europe frappés par les mesures d'austérité imposées par l'UE, la BCE et le FMI ?

Un mouvement européen syndical contre l'austérité ?



Si la contestation sociale enfle au sein de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal, de plus en plus portée par des actions syndicales fortes, la question d'une coordination, voire une unification de ces mouvements au sein de l'Union se pose immanquablement. La Confédération européenne des syndicats (CES), dans le cas du Portugal, a pris récemment position (vis à vis de la politique d'austérité de Bruxelles) par le biais de sa secrétaire générale, Madame Bernadette Ségol, qui déclarait le 4 septembre 2012 : « La situation au Portugal montre clairement toutes les limites et l’inefficacité de l’austérité et des coupes budgétaires à répétition. Nous demandons à la Troïka d’en tirer les leçons, et de changer radicalement d’approche ».



La CES, qui, au delà de se battre "pour une Union européenne ayant une dimension sociale forte et un cadre macroéconomique équilibré qui tienne pleinement compte des besoins et des aspirations de ses citoyens" est aussi un acteur syndical européen "qui participe à l'élaboration des politiques économiques et sociales au plus haut niveau". Cette organisation prend donc part au sommet social tripartite, entretient des rapports étroits avec un intergroupe de députés, coordonne la participation des syndicats au sein du Comité économique et social européen (CESE), rencontre aussi la BCE : sa capacité d'action lui permet-elle pour autant d'influencer les décisions de la Troïka ?



Au vu des deux années passées et de l'application de la politique de réduction des déficits un peu partout en Europe, on peut douter de la capacité de la Confédération syndicale à faire changer l'orientation prise dans l'Union, malgré ses appels et préconisations : « Pour sortir durablement de la crise, il faut définitivement abandonner les mesures d’austérité qui ont appauvri des millions de citoyens en Europe et étouffé toute possibilité de reprise. Les délais de paiement imposés au Portugal sont socialement inacceptables. Il est temps de céder véritablement la place à des mesures favorisant une croissance durable, des emplois de qualité et des salaires décents, telles que celles proposées dans le Contrat social pour l’Europe de la CES .



Mais les temps changent, et la crise s'accentuant, la radicalisation syndicale s'étend, se renforce et pourrait devenir un facteur de changement vis-à-vis des politiques d'austérité.



Joseph Niemiec, secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats européensLes syndicats peuvent-ils faire reculer la Troïka ?





Le secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats européens, le Polonais Joseph Niemiec, pense qu'une coordination syndicale européenne forte, à même d'organiser des grèves générales, est possible : "nous avons déjà réussi à faire des manifestations d'opinion d'ampleur européenne, à plusieurs reprises. Nous pensons que ce qu'il se passe pour le Sud (la politique d'austérité, NDLR) n'est pas seulement mauvais pour le Sud, mais aussi pour le Nord. Nous n'avons pas encore réussi à organiser des grèves générales coordonnées entre plusieurs pays, mais nous allons mener une campagne européenne à partir d'octobre et cela pourrait devenir une réalité".



La problématique actuelle, pour les syndicats des différents pays de l'union monétaire, est d'ordre législatif et social, selon le responsable de la CES : "passer à une action de grève européenne sur toute la zone euro, nous n'en somme pas là : il y a des règles différentes entre chaque pays, certains ont des secteurs qui ne sont pas touchés, parce qu'il n'y a pas d'enjeu dans leur pays. C'est une des raisons. L'autre raison est de nature sociale, parce que pour adhérer à une grève il faut convaincre le travailleur. En Finlande ou en Allemagne, c'est très difficile."



Mais pourquoi ne pas mener des grèves générales coordonnées seulement dans certains pays, comme ceux du Sud ? "Nous n'excluons plus aucune piste, parce que la situation devient extrêmement grave. Il est possible que nous puissions organiser des grèves générales dans certaines régions européennes", affirme le secrétaire général adjoint de la CES.



La "règle d'or" sera bientôt ratifiée avec le traité de stabilité budgétaire, et pour l'avenir, Joseph Niemiec estime que si les syndicats des pays du Nord, les plus riches, ne sont pas prêts à s'engager dans une action de revendication sociale forte, il n'est est pas de même pour les pays d'Europe centrale : "Il y a eu la Bulgarie l'hiver dernier, puis au printemps, la Pologne, qui d'ailleurs remet ça avec une grande manifestation prévue en octobre. En République tchèque il y a eu aussi des tensions. Nous allons avoir de plus en plus de problèmes dans ces pays là, et de plus en plus d'implication des syndicats dans l'opposition drastique aux gouvernements.



On sent un certain espoir poindre chez le responsable syndical qui conclut ainsi sur le sujet : "En terme de mobilisation, je confirme qu'il y a une montée en puissance des syndicats, et pas qu'au Sud : même la sage Pologne est touchée et réagit. Ces préoccupations sont désormais partagées par le plus grand nombre."

CRISE EN EUROPE

Grèves générales au sud de l'Europe : les syndicats contre l'austérité




Une grève générale se tient ce 26 septembre en Grèce à l'appel des syndicats des secteurs privé et public. Le Pays Basque et une partie de l'Espagne suivent le mouvement alors que le Portugal s'apprête à faire de même. Contre l'austérité imposée aux peuples, le syndicalisme et la lutte sociale sont-ils en train de trouver un nouveau souffle grâce à l'échelon européen ?

Manifestation contre l'austérité à Salonique (nord de la Grèce) le 8 septembre dernier (photo AFP)25.09.2012

Par Pascal Hérard

C'est la première grève générale nationale que le nouveau gouvernement de coalition grec fraîchement élu en juin doit gérer. Une grève motivée par les mêmes causes qu'avant le scrutin : les coupes budgétaire, la baisse des pensions de retraite couplées aux mesure de réduction des salaires, tant dans le secteur public que privé sont drastiques depuis deux ans. Toutes ces mesures qui ont mené à une réduction des salaires du secteur privé de plus de 20%, à des administrations au bord de la cessation de paiement ont toujours été "vendues" aux électeurs comme nécessaires pour améliorer l'économie : mais cette austérité a eu jusqu'à présent un effet inverse à celui souhaité, puisque le PIB grec selon les prévisions les plus optimistes, va encore reculer cette année de 7%.



Le nouveau plan de réduction des dépenses publiques prochainement voté à l'assemblée et visant à économiser près de 12 milliard d'euros doit permettre à la Grèce de recevoir la nouvelle tranche du plan d'aide européen de 31,5 milliard d'euros. Ces réductions de dépenses vont toucher principalement les collectivités locales. Ecoles et hôpitaux risquent de payer le prix fort des demandes de Bruxelles…



Au delà de la Grèce…



Sur la péninsule ibérique, tandis que les Indignés marchaient le mardi 25 septembre sur le Congrès des députés à Madrid, les deux plus importantes organisations syndicales du Pays basque sud, ELA et LAB ont déclaré une grève générale, elles aussi ce 26 septembre. Elles sont rejointes par d'autres organisations comme la CGT-LKN, la CNT, ainsi que de nombreuses associations et organisations sociales. Des appels ont été lancés aux grandes organisations syndicales espagnoles qui semblent monter un peu plus au créneau face à la politique du gouvernement Rajoy : une grève des trains de 24 heures, pour dénoncer la politique de libéralisation du rail s'est déroulée le 17 septembre dernier, et les coupes dans les dépenses sociales, de santé, d’éducation, dans les services publics de base, poussées par des privatisations de plus en plus mal vécues, peuvent laisser penser que ce types d'actions risquent de s'amplifier.



Le Portugal sera en grève générale ce 29 septembre après la manifestation géante contre l'austérité du 15 septembre qui a réuni un million de personnes dans les rues des plus grandes villes, dont 500 000 dans la capitale. Un nouveau vent de révolte syndicale de grande ampleur est-il en train de prendre forme dans les pays du sud de l'Europe frappés par les mesures d'austérité imposées par l'UE, la BCE et le FMI ?

Un mouvement européen syndical contre l'austérité ?



Si la contestation sociale enfle au sein de l'Espagne, de la Grèce et du Portugal, de plus en plus portée par des actions syndicales fortes, la question d'une coordination, voire une unification de ces mouvements au sein de l'Union se pose immanquablement. La Confédération européenne des syndicats (CES), dans le cas du Portugal, a pris récemment position (vis à vis de la politique d'austérité de Bruxelles) par le biais de sa secrétaire générale, Madame Bernadette Ségol, qui déclarait le 4 septembre 2012 : « La situation au Portugal montre clairement toutes les limites et l’inefficacité de l’austérité et des coupes budgétaires à répétition. Nous demandons à la Troïka d’en tirer les leçons, et de changer radicalement d’approche ».



La CES, qui, au delà de se battre "pour une Union européenne ayant une dimension sociale forte et un cadre macroéconomique équilibré qui tienne pleinement compte des besoins et des aspirations de ses citoyens" est aussi un acteur syndical européen "qui participe à l'élaboration des politiques économiques et sociales au plus haut niveau". Cette organisation prend donc part au sommet social tripartite, entretient des rapports étroits avec un intergroupe de députés, coordonne la participation des syndicats au sein du Comité économique et social européen (CESE), rencontre aussi la BCE : sa capacité d'action lui permet-elle pour autant d'influencer les décisions de la Troïka ?



Au vu des deux années passées et de l'application de la politique de réduction des déficits un peu partout en Europe, on peut douter de la capacité de la Confédération syndicale à faire changer l'orientation prise dans l'Union, malgré ses appels et préconisations : « Pour sortir durablement de la crise, il faut définitivement abandonner les mesures d’austérité qui ont appauvri des millions de citoyens en Europe et étouffé toute possibilité de reprise. Les délais de paiement imposés au Portugal sont socialement inacceptables. Il est temps de céder véritablement la place à des mesures favorisant une croissance durable, des emplois de qualité et des salaires décents, telles que celles proposées dans le Contrat social pour l’Europe de la CES .



Mais les temps changent, et la crise s'accentuant, la radicalisation syndicale s'étend, se renforce et pourrait devenir un facteur de changement vis-à-vis des politiques d'austérité.



Joseph Niemiec, secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats européensLes syndicats peuvent-ils faire reculer la Troïka ?





Le secrétaire général adjoint de la Confédération des syndicats européens, le Polonais Joseph Niemiec, pense qu'une coordination syndicale européenne forte, à même d'organiser des grèves générales, est possible : "nous avons déjà réussi à faire des manifestations d'opinion d'ampleur européenne, à plusieurs reprises. Nous pensons que ce qu'il se passe pour le Sud (la politique d'austérité, NDLR) n'est pas seulement mauvais pour le Sud, mais aussi pour le Nord. Nous n'avons pas encore réussi à organiser des grèves générales coordonnées entre plusieurs pays, mais nous allons mener une campagne européenne à partir d'octobre et cela pourrait devenir une réalité".



La problématique actuelle, pour les syndicats des différents pays de l'union monétaire, est d'ordre législatif et social, selon le responsable de la CES : "passer à une action de grève européenne sur toute la zone euro, nous n'en somme pas là : il y a des règles différentes entre chaque pays, certains ont des secteurs qui ne sont pas touchés, parce qu'il n'y a pas d'enjeu dans leur pays. C'est une des raisons. L'autre raison est de nature sociale, parce que pour adhérer à une grève il faut convaincre le travailleur. En Finlande ou en Allemagne, c'est très difficile."



Mais pourquoi ne pas mener des grèves générales coordonnées seulement dans certains pays, comme ceux du Sud ? "Nous n'excluons plus aucune piste, parce que la situation devient extrêmement grave. Il est possible que nous puissions organiser des grèves générales dans certaines régions européennes", affirme le secrétaire général adjoint de la CES.



La "règle d'or" sera bientôt ratifiée avec le traité de stabilité budgétaire, et pour l'avenir, Joseph Niemiec estime que si les syndicats des pays du Nord, les plus riches, ne sont pas prêts à s'engager dans une action de revendication sociale forte, il n'est est pas de même pour les pays d'Europe centrale : "Il y a eu la Bulgarie l'hiver dernier, puis au printemps, la Pologne, qui d'ailleurs remet ça avec une grande manifestation prévue en octobre. En République tchèque il y a eu aussi des tensions. Nous allons avoir de plus en plus de problèmes dans ces pays là, et de plus en plus d'implication des syndicats dans l'opposition drastique aux gouvernements.



On sent un certain espoir poindre chez le responsable syndical qui conclut ainsi sur le sujet : "En terme de mobilisation, je confirme qu'il y a une montée en puissance des syndicats, et pas qu'au Sud : même la sage Pologne est touchée et réagit. Ces préoccupations sont désormais partagées par le plus grand nombre."

sábado, 15 de setembro de 2012

Manifestations anti-américaines


Washington a commencé à déployer des forces afin de faire face aux manifestations anti-américaines ayant fait plusieurs morts vendredi parmi les protestataires mobilisés contre la diffusion d'un film islamophobe réalisé aix Etats-Unis

Cent Marines ont déjà été envoyés en Libye, où l'ambassadeur américain Chris Stevens est mort mardi avec trois autres fonctionnaires, et au Yémen, où quatre manifestants ont été tués jeudi après que des protestataires sont entrés de force dans l'ambassade.

"Nous devons être prêts dans l'hypothèse où ces manifestations deviennent hors de contrôle", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, sans plus de précision.

Selon la revue Foreign Policy qui l'interrogeait, le Pentagone est en train de débattre de l'envoi de 50 Marines pour protéger l'ambassade américaine au Soudan, où une dizaine de manifestants sont parvenus à pénétrer vendredi. Aucune décision n'a toutefois été prise sur cet envoi.

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans le monde musulman pour dénoncer le film et deux manifestants sont morts en Tunisie, deux au Soudan et un au Liban.

Ce film, dont des extraits ont été publiés sur YouTube et dans lequel les musulmans et le prophète Mahomet sont présentés comme immoraux et brutaux, a enflammé la rue mardi en Egypte et en Libye, avant que les protestations, visant notamment les ambassades américaines, ne s'étendent à d'autres pays.

Les islamistes somaliens shebab et les talibans pakistanais ont appelé samedi les musulmans à attaquer l'Occident en représailles au film.

Les talibans afghans, qui ont attaqué vendredi soir une base où est stationné le prince Harry, ont affirmé que l'attaque lancée par son mouvement était "en représailles contre le film insultant". Deux marines américains ont été tués.

Au Caire, les affrontements se sont poursuivis toute la nuit entre policiers et manifestants jusqu'à l'évacuation au petit matin de la place Tahrir, proche de l'ambassade des Etats-Unis, où un calme précaire régnait samedi matin.

La police anti-émeutes a pourchassé dans les rues adjacentes les manifestants, en majorité de très jeunes Egyptiens aux affiliations politiques indéterminées, a rapporté l'agence officielle Mena.

Mena avait fait état d'un mort vendredi soir, mais le ministère de la Santé a démenti que la victime soit liée aux manifestations. Plusieurs dizaines de personnes --policiers et manifestants-- ont été blessées dans les heurts ces derniers jours.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé avoir procédé à 142 arrestations.

Le président égyptien Mohamed Morsi a condamné le film vendredi tout en dénonçant les violences qu'il a provoquées. Les Frères musulmans avaient retiré leur appel à manifester.

Les Etats-Unis "tiendront bon" face aux violences dirigées contre leurs ambassades et leurs ressortissants, a averti le président américain Barack Obama.

Sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton a souligné que les pays du Printemps arabe ne s'étaient pas affranchis de la "tyrannie d'un dictateur" pour se retrouver sous celle "des foules", en allusion aux manifestations violentes qui se sont multipliées, dans le monde arabe mais aussi en Iran, au Pakistan, au Bangladesh, en Indonésie, et même en Australie.

Le Conseil de sécurité de l'ONU, jugeant "injustifiables" vendredi ces violences, a rappelé l'obligation des pays hôtes de protéger les missions diplomatiques.

L'Union européenne a également demandé vendredi soir aux autorités des pays frappés par ces violences d'assurer la "sécurité" des diplomates et à appeler "immédiatement à la paix et à la retenue".

Les réactions déclenchées par le film, de piètre qualité, qui aurait été produit par un copte (chrétien d'Egypte) habitant en Californie et tourné par un réalisateur de films porno, rappellent la colère qu'avait provoqué la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006 par un journal danois