domingo, 23 de novembro de 2014

REFORME DES TERRITOIRES

La réforme hautement sensible des territoires français
 
 
Actuellement discutée au Parlement, la réforme territoriale française bouleverse la carte des régions héritées du passé en attendant – repoussée à plus tard – la remise en cause des départements créés sous la Révolution. Présentée comme une nécessité de la modernisation, elle suscite de multiples objections et résistances. 
L'Assemblée nationale a adopté, en deuxième lecture, une carte de la France à 13 régions, mercredi 19 novembre 2014. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Pays

22.11.2014Par Pascal PriestleyCe devait être une réforme consensuelle. C'est devenu un psychodrame politique très français. En se lançant dans un bouleversement territorial majeur incluant le redécoupage des régions et, initialement, la suppression des départements, le gouvernement socialiste s’est engagé sur un terrain plus sensible qu’il n’y paraît, remettant en cause, bien au-delà de la rationalisation promise, des éléments constitutifs du roman national. Sur le point le plus historiquement chargé – les départements – il a déjà reculé.
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Un projet de découpage en 1789, qui sera écarté.

Egalité


Le département, tout Français l'apprend à l'école primaire, naît de la révolution, au cours de laquelle il prend la place des « provinces »... ancêtres des régions. Issues de l'époque féodale, celles-ci sont une quarantaine à la fin de l'ancien régime, et leur nom se confond alors encore souvent avec ceux de grands aristocrates (Anjou, Artois, Bourgogne …). A la fois « pays » (regio, en latin) et lieu d'une population supposée spécifique, elles portent, à l'inverse du futur département, une connotation identitaire et des particularismes tolérés par une monarchie dont l'absolutisme demeure, à certains égards, théorique. 

Dès le début du XVIIIème siècele, des voix s’élèvent pour réclamer – déjà – une simplification et surtout une homogénéisation administrative du royaume, régi par d’innombrables pouvoirs et coutumes. Ce sera l'une des premières œuvres de la Révolution française. L'égalité énoncée dans sa devise est aussi – et d'abord – celle du territoire. Le 7 septembre 1789, l'abbé Sieyès propose à l'Assemblée nationale l'élaboration d'un plan pour sa réorganisation. Sa mise en œuvre ne traîne pas. Après avoir écarté un premier schéma géométrique l’Assemblée nationale constituante adopte le 11 novembre 1789 un projet de découpage du royaume en départements

Leur nombre – 83 – et leurs contours – souvent ceux d'aujourd’hui – sont rapidement fixés. Principe commun : des entités de tailles équivalentes, suffisamment petites pour qu'on y soit partout à portée du chef-lieu. De ce dernier, où sont concentrés les autorités déléguées et services administratifs, il doit être possible de se rendre en tout point du département et d'en revenir à cheval dans la journée. Une règle de bonne gestion, qui vise aussi à asseoir un pouvoir politique attentif au danger contre-révolutionnaire et soucieux de centralisation. Rompant avec ceux de l'ancien régime, les noms sont choisis en fonction de la géographie (Puy de Dôme, Landes..) et de l'hydrographie (Rhône, Haute-Loire...). 

Achevée en quatre mois, la réforme devient rapidement emblématique. Lors de la Fête de la Fédérationdu 14 juillet 1790 au Champ de Mars – qui célèbre l'unité d'une France à la fois monarchique et révolutionnaire – les représentants figurant la nation sont rangés devant le roi Louis XVI sous les 83 bannières des départements. Chacun d'eux est pourvu dès l’origine d’une assemblée élue. Son nom deConseil général n’apparaît qu'en 1800, sous le Consulat, de même que le Préfet, institué par Bonaparte. Le nombre de départements variera au gré des conquêtes (napoléoniennes, coloniales) ou des revers de même que leurs structures administratives (élues ou nommées) mais leur principe – totalement adopté par la population comme en témoigne la littérature du XIXème siècle – n'est plus remis en cause... jusqu’à nos jours, au profit de la région revisitée par l'air du temps. 
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Provinces françaises avant la Révolution

Le retour des provinces


Étouffée par la Révolution, la sensibilité régionale fait paradoxalement une timide réapparition un siècle plus tard, sous la Troisième République, avec l'abandon des espoirs de restauration monarchique. Elle est portée avec plus ou moins de foi par des intellectuels comme Frédéric Mistral, des socialistes modérés dont Jaurès, ou plus sérieusement le théoricien royaliste Charles Maurras. Inspiré par ce dernier, le régime collaborationniste de Vichy s'efforce de réaliser une « renaissance provinciale », et instaure en 1941 dix-huit préfets régionaux. Leur rôle restant essentiellement directif ou répressif, on est loin cependant du « retour aux provinces » prôné par les idéologues de la « révolution nationale ». La Libération met un terme à la comédie, et l'idée régionale en sort un peu plus discréditée. 

Elle réapparaît en 1955 sous le gouvernement de Pierre Mendes-France, soucieux, dans la perspective de la construction européenne, d’améliorer la répartition des activités économiques du territoire. Vingt-et-une « circonscriptions d'action régionales » sont délimitées, qui deviendront, les « régions de programmes ». Quatorze ans plus tard, le Général De Gaulle tente d'en renforcer les prérogatives mais son référendum de 1969 en ce sens échoue pour d'autres raisons : il est perçu comme un plébiscite et le "non" l'emporte, entraînant la démission du fondateur de la Vème République. 

La régionalisation sera finalement l’œuvre des socialistes avec les lois de décentralisation de 1982-1983 impulsées par Gaston Defferre, ministre de l'Intérieur de François Mitterrand. Celles-ci donnent aux vingt-deux régions (définies pour l'essentiel selon le modèle élaboré en 1956) un Conseil élu au suffrage universel, le transfert d'un certain nombre de compétences de l'État (routes, hôpitaux, lycées...) et les ressources afférentes. Les premières élections régionales ont lieu en 1986. 

Bien que tacitement inspirée dans ses contours et dénominations des provinces d'ancien régime, la région n’est plus associée à une nostalgie contre-révolutionnaire, irrédentiste ou même un pouvoir opposé à Paris. On se garde bien, pourtant, de la substituer alors au département ou d'annoncer le dépérissement de ce dernier. Malgré son amoindrissement, celui-ci conserve d’importantes prérogatives en matière sociale, éducative et de développement. Il reste, surtout, une structure de proximité précieuse dans la France rurale. Quant à la région, sa légitimité acquise en un demi-siècle repose largement sur sa position complémentaire, plus étendue mais cependant ancrée localement et historiquement dans son terroir. 
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La préfecture, parfois l'un des derniers services publics

Déserts


Or, loin de disparaître, cette exigence tacite perdure aujourd’hui, dans un contexte de désertification des campagnes et de retrait de l'État, où des petites localités, tout en retrouvant parfois une certaine densité du fait de l'afflux de nouvelles couches « rurbaines », se trouvent privées de services publics primordiaux (chemins de fer, tribunaux, maternités, écoles...). 

Et si beaucoup de Français s'accordent à critiquer la multiplicité des échelons de décision (commune,groupement de communesdépartementrégion, le fameux «  millefeuille territorial » souvent dénoncé sans autre examen), ils risquent de s'exaspérer plus encore d'une disparition ou d'un « redéploiement » opaque de structures ou services familiers du département ou de la région actuelle. Voire du décrié « conseiller général » ou « régional », qui reste tout de même un interlocuteur-voisin plus abordable que l’élu d’une future entité « régionale » abstraite et grande comme la Belgique. Plusieurs études récentes de sociologues mettent en lumière le lien entre un sentiment croissant d'abandon public et la montée du vote pour le Front National dans les zones rurales ou péri-urbaines. Supprimer les échelons les plus perceptibles au-dessus de la commune - souvent démunie - peut paraître aventureux, sinon inspiré par une logique libérale de désengagement. 
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Dernier projet du gouvernement.

Doutes


Apparemment plus simple et finalement première abordée dans la réforme française en cours, la mutation de la région n'est à cet égard pas moins problématique que son corollaire - repoussé mais pas abandonné - de la suppression des départements. Treize régions en perspective, selon la dernière mouture du gouvernement, au lieu de vingt-deux, au terme de fusions qui donnent lieu à de vives controverses et ouvrent de durables mécontentements. 

Si certaines d'entre elles sont assez consensuelles, comme celle de la Haute et de la Basse Normandie, d'autres se heurtent à de fortes oppositions, comme celle de l’Alsace, de la Lorraine et de la Champagne, qui fautes d'affinités et attachées à leurs particularités, s'opposent au mariage forcé. D'autres enfin, sans avoir provoqué de tollé, laissent songeur : la région Rhône-Alpes-Auvergne, ainsi, s'étendra des monts du Cantal aux frontières suisse et italienne, englobant deux massifs majeurs (central et alpin) ; sa traversée d'Est en Ouest nécessitera une journée d'automobile, seul moyen de transport après la fermeture des lignes de chemins de fer transversales. Quelle réalité régionale et unitaire à de tels montages ? 

Argument choc de tout débat français, l’invocation du modèle étranger ne convainc pas d’avantage les incroyants. Moins peuplé que la France, font-ils valoir, le Royaume-Uni est ainsi doté d'une organisation bien plus complexe. Il comprend l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, celle-ci incluant (pourvues d’institutions propres) l’Écosse, le Pays de Galles et l’Angleterre ; les administrations locales de cette dernière comptent quatre niveaux : région (instituée par Tony Blair), des comtés (county), districts(borough), paroisses civiles (civil parish). Le même fameux « millefeuille » prévaut en Italie et en Espagne. Quant à l’Allemagne, modèle très cité, sa division en vastes Länders provient de la particularité de son histoire … et de son caractère intrinsèquement fédéral, qui ne peut être décalqué. 
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Discussion à l'Assemblée nationale sur le redécoupage territorial

"Détricotage"?


D'un effet économique improuvé, la réforme territoriale française – après avoir été accueillie mollement - est de plus en plus suspectée par ses adversaires – au-delà des eurosceptiques des deux bords ou de la gauche radicale - d’obéir à des impératifs moins innocents, et en premier lieu l'injonction européenne. Depuis sa création et surtout sa montée en puissance, le « grand dessein » de la « grande-Europe » réclame des « grandes régions ». On peut certes voir dans l'emploi inlassable de superlatifs l'expression naïve d'une communication portée sur l'emphase. Certains perçoivent en arrière-plan une logique de « détricotage » des États-Nations et de leurs subdivisions historiques (en France, régions nées des provinces, départements mais aussi, à terme, communes, supplantées par des regroupements intercommunaux de gestion) au profit d'une Europe fédérale rêvée, assemblage de regroupements économiques plus qu'entités territoriales, géographiquement informes et politiquement sans mémoire. 

Que le bouleversement de l'héritage territorial soit porté en pays jacobin par un pouvoir issu du Parti socialiste peut sembler paradoxal. Il n’est pas moins cohérent avec la volonté répétée de ses dirigeants de renoncer aux concepts « du passé » qui selon eux, entravent tant la croissance que la modernisation de la gauche. Certains politologues français, plus trivialement, évoquent la volonté d'un président en posture délicate d'occuper le terrain politique et médiatique par un chantier spectaculaire, qui présente aussi l'avantage – et le risque pour son succès – de réunir ...ou diviser le pays au-delà des clivages classiques. Alors que le dit-président jouit d’une popularité voisine de 12 %, que son camp a perdu les municipales en mars dernier, les élections européennes en mai et le Sénat en septembre, son gouvernement n'étant soutenu à l'Assemblée nationale que par une majorité précaire, le pari, au delà du vote sans surprise de la réforme, peut sembler audacieux. 

domingo, 2 de novembro de 2014

ROUTE DU RHUM

Route du Rhum - Un départ bien arrosé et musclé


Il y a loin de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre et la boucaille avait éclipsé le soleil dimanche matin sur la cité corsaire, quelques heures avant le départ à 14h00 des 91 solitaires (un record) de la 10e Route du Rhum à la voile.
Exit l'été indien, bienvenue en automne! Vent de sud/sud-ouest (c'est à dire sur le nez!) de 15 à 18 noeuds avec des rafales de 25 à 30, de la pluie... Les navigateurs, parmi lesquels 4 femmes et 13 étrangers, vont être cueillis à froid et les premières heures de course vers la Guadeloupe vont être musclées.
Après le passage de ce premier front et une brève accalmie, le vent va virer à l'ouest et une deuxième dépression va générer "un flux très dynamique", avec des rafales à 40 noeuds sur la pointe bretonne dans la nuit de dimanche à lundi.
Pas de quoi rigoler... Et l'ambiance promet d'être chaude dès la ligne de départ, au large de la pointe du Grouin. Une ligne de départ longue de 2,2 milles avec les multicoques, plus rapides, au nord, et les monocoques au sud.
Quelque 500 embarcations de toutes tailles et chargées de spectateurs sont attendues à la mi-journée. En milieu de matinée, à la gare maritime, les pneumatiques embarquaient les skippers ayant passé une dernière nuit à terre.
La zone de départ, balisée par des bouées jaunes, est interdite aux plaisanciers. Mais les organisateurs sont très vigilants, les gens ne réalisant pas les vitesses des multicoques et leurs accélérations foudroyantes. Un gros maxi peut ainsi passer de 15 à 30 noeuds en une dizaine de secondes.
- Babas de Rhum -
Les équipes d'assistance devront avoir quitté les bateaux 4 minutes avant le coup de canon libérateur, qui sera donné par la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, depuis le ferry Pont-Aven.
Tout porte à croire que des dizaines de milliers de spectateurs, tous babas de "Rhum", braveront la "drache" pour assister au départ de cette course de légende, créée en 1978. Jamais la Route du Rhum n'aura attiré autant de monde et les "sassées" (passage des écluses), même dans la nuit de samedi à dimanche, ont été suivies par des centaines de passionnés.
Au cap Frehel, dernier bout de terre que les skippers viendront frôler avant l'île papillon (La Guadeloupe), les spectateurs commençaient à affluer dimanche matin, malgré la pluie, avec sandwiches, chaises pliantes et... transats.
Les concurrents se répartissent en cinq catégories: les Ultimes (8 multicoques de plus de 60 pieds), les Multi50 (11 multicoques de 15,24 m), les Imoca (9 monocoques de 18,28 m), les Class40 (43 monocoques de 12,18 m) et les Rhum (20 monocoques et multicoques "historiques").
Les plus rapides, dans la catégorie Ultime, ambitionnent de succéder à Franck Cammas (vainqueur en 2010 en 09 j 03 h 14 min) mais aussi de battre le record de la course, établi en 2006 par Lionel Lemonchois en 07 j 17 h et 19 min.
Le plus jeune skipper est le Français Paul Hignard (19 ans) et le plus âgé une légende vivante de la voile, le Britannique Robin Knox-Johnston (75 ans).
- 'Golden Oldies' -
L'attention des médias se focalisera inévitablement sur les Ultimes, dragsters océaniques surpuissants et capables d'atteindre des vitesses époustouflantes (plus de 40 noeuds pour les plus véloces).
Logiquement, la victoire ne devrait pas échapper à Thomas Coville (Sodebo Ultim'/31 m), Francis Joyon (Idec Sport/29,70 m), Loïck Peyron (Banque Populaire VII/31,50 m), Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne/24,38 m) ou Yann Guichard (Spindrift 2/40 m).
Erwan Le Roux (FenêtréACardinal), Yves Le Blevec (Actual) et Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) sont favoris en Multi50, Jérémie Beyou (Maître Coq), François Gabart (Macif) et Vincent Riou (PRB) en Imoca, comme Sébastien Rogues (GDF Suez) en Class40.
Dans la catégorie Rhum des "Golden Oldies", il faudra suivre le match entre Kriter V, le grand monocoque (21 m) mené par Benjamin Hardouin, et les deux petits trimarans de Charlie Capelle (Acapella/11,48 m) et Jean-Paul Froc (Groupe Bertho/11,22 m), quasi sisterships du bateau avec lequel le Canadien Mike Birch avait remporté le premier "Rhum" en 1978, battant Kriter V et Michel Malinovsky de... 98 secondes!

Route du Rhum - Un départ bien arrosé et musclé


Il y a loin de Saint-Malo à Pointe-à-Pitre et la boucaille avait éclipsé le soleil dimanche matin sur la cité corsaire, quelques heures avant le départ à 14h00 des 91 solitaires (un record) de la 10e Route du Rhum à la voile.
Exit l'été indien, bienvenue en automne! Vent de sud/sud-ouest (c'est à dire sur le nez!) de 15 à 18 noeuds avec des rafales de 25 à 30, de la pluie... Les navigateurs, parmi lesquels 4 femmes et 13 étrangers, vont être cueillis à froid et les premières heures de course vers la Guadeloupe vont être musclées.
Après le passage de ce premier front et une brève accalmie, le vent va virer à l'ouest et une deuxième dépression va générer "un flux très dynamique", avec des rafales à 40 noeuds sur la pointe bretonne dans la nuit de dimanche à lundi.
Pas de quoi rigoler... Et l'ambiance promet d'être chaude dès la ligne de départ, au large de la pointe du Grouin. Une ligne de départ longue de 2,2 milles avec les multicoques, plus rapides, au nord, et les monocoques au sud.
Quelque 500 embarcations de toutes tailles et chargées de spectateurs sont attendues à la mi-journée. En milieu de matinée, à la gare maritime, les pneumatiques embarquaient les skippers ayant passé une dernière nuit à terre.
La zone de départ, balisée par des bouées jaunes, est interdite aux plaisanciers. Mais les organisateurs sont très vigilants, les gens ne réalisant pas les vitesses des multicoques et leurs accélérations foudroyantes. Un gros maxi peut ainsi passer de 15 à 30 noeuds en une dizaine de secondes.
- Babas de Rhum -
Les équipes d'assistance devront avoir quitté les bateaux 4 minutes avant le coup de canon libérateur, qui sera donné par la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, depuis le ferry Pont-Aven.
Tout porte à croire que des dizaines de milliers de spectateurs, tous babas de "Rhum", braveront la "drache" pour assister au départ de cette course de légende, créée en 1978. Jamais la Route du Rhum n'aura attiré autant de monde et les "sassées" (passage des écluses), même dans la nuit de samedi à dimanche, ont été suivies par des centaines de passionnés.
Au cap Frehel, dernier bout de terre que les skippers viendront frôler avant l'île papillon (La Guadeloupe), les spectateurs commençaient à affluer dimanche matin, malgré la pluie, avec sandwiches, chaises pliantes et... transats.
Les concurrents se répartissent en cinq catégories: les Ultimes (8 multicoques de plus de 60 pieds), les Multi50 (11 multicoques de 15,24 m), les Imoca (9 monocoques de 18,28 m), les Class40 (43 monocoques de 12,18 m) et les Rhum (20 monocoques et multicoques "historiques").
Les plus rapides, dans la catégorie Ultime, ambitionnent de succéder à Franck Cammas (vainqueur en 2010 en 09 j 03 h 14 min) mais aussi de battre le record de la course, établi en 2006 par Lionel Lemonchois en 07 j 17 h et 19 min.
Le plus jeune skipper est le Français Paul Hignard (19 ans) et le plus âgé une légende vivante de la voile, le Britannique Robin Knox-Johnston (75 ans).
- 'Golden Oldies' -
L'attention des médias se focalisera inévitablement sur les Ultimes, dragsters océaniques surpuissants et capables d'atteindre des vitesses époustouflantes (plus de 40 noeuds pour les plus véloces).
Logiquement, la victoire ne devrait pas échapper à Thomas Coville (Sodebo Ultim'/31 m), Francis Joyon (Idec Sport/29,70 m), Loïck Peyron (Banque Populaire VII/31,50 m), Lionel Lemonchois (Prince de Bretagne/24,38 m) ou Yann Guichard (Spindrift 2/40 m).
Erwan Le Roux (FenêtréACardinal), Yves Le Blevec (Actual) et Lalou Roucayrol (Arkema Région Aquitaine) sont favoris en Multi50, Jérémie Beyou (Maître Coq), François Gabart (Macif) et Vincent Riou (PRB) en Imoca, comme Sébastien Rogues (GDF Suez) en Class40.
Dans la catégorie Rhum des "Golden Oldies", il faudra suivre le match entre Kriter V, le grand monocoque (21 m) mené par Benjamin Hardouin, et les deux petits trimarans de Charlie Capelle (Acapella/11,48 m) et Jean-Paul Froc (Groupe Bertho/11,22 m), quasi sisterships du bateau avec lequel le Canadien Mike Birch avait remporté le premier "Rhum" en 1978, battant Kriter V et Michel Malinovsky de... 98 secondes!

sábado, 18 de outubro de 2014

ITALIE - LES PLUIES

INTEMPERIES – L’Italie durement touchée par les pluies et les inondations

Quelques jours de pluies incessantes dans le nord et le centre de l’Italie, quatre victimes, des dégâts qui se comptent en millions d’euros : tel est le bilan des sept derniers jours en Italie. Gênes, Grosseto, Trieste, Padoue, autant de villes qui se retrouvent aujourd’hui sous la boue. Et les polémiques ne vont qu’en augmentant.

Tout a commencé il y a une semaine, le 9 octobre, quand des pluies torrentielles se sont abattues sur Gênes et sa région. Les précipitations intenses ont duré plusieurs jours, provoquant la crue d’un certain nombre de torrents et de rivières : le 9 octobre, c’est le Scrivia qui inaugure la série noire. Dans la nuit du 9 au 10 octobre, le Bisagno est en crue non loin du quartier de Brignole. Ses eaux, atteignant jusqu’à 1m80, envahissent la ville, entraînant tout sur leur passage, et provoquent une panne de courant à vaste échelle qui dure jusqu’à 3h du matin. 24h plus tard, nouvelle crue, celle du torrent Sturla qui finit d’inonder complètement le quartier de Brignole. Le scénario est connu, il suit fidèlement celui des inondations de 2011, qui avaient causé la mort de six personnes. Cette fois, Gênes ne déplore le décès que d’une seule personne. Les premières heures du 11 octobre sont cruciales, les pluies continuent, les inondations se multiplient et le niveau d’alerte est à son maximum. Alors que lundi 13 octobre la semaine commençait par une journée de deuil à Gênes à l’occasion de l’enterrement de la seule victime des inondations, le mauvais temps se déplaçait vers l’est et le sud, causant de nombreux drames sur son passage.
Les régions touchées : Ligurie, Piémont, Toscane, Emilie-Romagne, Frioul
Dans l’après-midi du 13 octobre, les pluies sont encore une fois torrentielles et le Baganza est en crue à Parme (Emilie-Romagne) et toute la partie sud-ouest de la ville est inondée. Pas de victime à déplorer, mais les dégâts sont nombreux et les habitants ont vécu toute la semaine dans la boue. Les pluies diluviennes ne semblent pas devoir s’arrêter, l’alerte est donnée dans le Piémont où la région d’Alessandria a été particulièrement touchée. Mardi, dans la région de Grosseto (sud de la Toscane), la crue soudaine d’une rivière emporte deux femmes âgées de 65 et 69 ans. A des centaines de kilomètres de là, aux alentours de Trieste, la nuit du 14 octobre, une coulée soudaine de boue surprend les habitants de Muggia tandis que les Triestins ont les pieds dans l’eau. Une femme est retrouvée morte dans son habitation qui se trouvait sur le passage des éléments en furie. Quatre victimes en une semaine : l’Italie se relève à peine d’une semaine difficile. Dans les villes concernées, la solidarité a, comme toujours, été immense pour aider les populations durement touchées à se relever et à recommencer. Mais l’Italie est en colère, à Gênes en particulier où un premier bilan fait état d’environ 300 millions d’euros de dégâts. 

La chasse aux responsables donnera-t-elle ses fruits ?
A Gênes, la chasse aux responsables a d’ailleurs été immédiate tout comme a été immédiat le renvoi des responsabilités d’un organisme à un autre. Mais que s’est-il vraiment passé ? Pour certains, la population n’aurait pas été avertie en temps utile ; le chef de la protection civile Franco Gabrielli a d’ailleurs reconnu que les prévisions météorologiques n’étaient pas tout à fait correctes tout en déclarant qu'il ne fallait pas montrer du doigt les responsables météo, puisque les prévisions ne peuvent jamais être fiables à 100%. D’autres ont remis en cause les pouvoirs locaux, principalement le maire de la ville Marco Doria, alors qu’en 2011 une précédente inondation avait mis en évidence les faiblesses du système hydrologique, en particulier du Bisagno. C’est toute une administration, trop lente et trop peu efficace, qui est mise au pilori, les travaux sur le lit du torrent ayant été stoppés en raison de procédures bureaucratiques compliquées. Ces polémiques ne sont pas nouvelles : on les retrouve régulièrement à chaque catastrophe liée à des facteurs climatiques. Aujourd’hui, 9,8% du territoire italien connaît un risque très élevé d’inondation et de coulée de boue, concernant un peu moins de 6 millions de personnes, un dixième de la population italienne. D'après les études officielles, entre 1960 et 2010, les décès dus aux inondations, aux coulées de boue et aux éboulements ont été au nombre de 3994.
Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) vendredi 17 octobre 2014

domingo, 28 de setembro de 2014

POLITIQUE

Le retour de Sarkozy: les vérités de Carla

Le retour de Sarkozy: les vérités de Carla
Alors que son mari vient de se jeter dans l’arène politique avec 2017 en ligne de mire, l’ex-première dame le soutient. Mais elle n’entend plus mettre sa carrière d’artiste en veilleuse.
Dans les années vingt, aux États-Unis, on appelait ces femmes-là les « fl appers ». Éprises de liberté, passionnées, elles incarnaient l’émancipationet la modernité. Aff ranchies des conventions, elles pouvaient être aussi, à l’image d’une Zelda Fitzgerald, indéfectiblement attachées à un homme. Carla Bruni-Sarkozy appartient à cette famille si singulière des fl appers. Toute son histoire en témoigne. Sa jeunesse sur les podiums puis sur scène ne fut que liberté, indépendance et, en public, joyeuse insouciance. Puis vint le temps surprenant du tapis rouge avec ces épousailles tant et tant commentées avec Nicolas Sarkozy en février 2008. Sans doute des commentaires la blessèrent, elle, alors mais elle n’en fit qu’à sa tête, obéissant à des sentiments dont la sincérité soulevait pourtant le scepticisme. Dieu sait si ce couple est scruté mais, c’est ainsi, cet homme qu’elle appelle son « Raymond » aussi bien en chanson qu’en privé a changé le cours de son existence sans pour autant modifi er son être et sa nature. Adieu, les divans qu’elle a si longtemps fréquentés ! Au tournant des 40 ans, Nicolas Sarkozy est devenu son meilleur psy et l’homme de sa vie. Avoir tous les matins à ses côtés, comme elle en fit un jour la confi dence, un homme qui pense pouvoir changer le monde l’a guérie de bien de ses doutes et de ses maux. Qu’on ne s’y trompe pas, le retour à plein temps de son mari sur le théâtre politique ne va pas donner naissance à une nouvelle Carla. Simplement, expérience présidentielle faite, elle tiendra le rôle qu’elle a choisi, diff érent de Carla la discrète que l’on a connue entre 2008 et 2012. Cette fonction de première dame, à vrai dire, ne l’a pas subjuguée. Elle-même l’avoue, fatiguée alors par l’allaitement de sa fille Giulia, elle est sortie épuisée de l’Élysée. Jusqu’au bout, cependant, par attachement à son mari, elle a tenu son rang et la ligne de conduite qu’elle avait choisie : satisfaire à toutes les exigences de sa situation d’épouse, coiff ée et habillée pour représenter la France. Durant le quinquennat, elle mit donc entre parenthèses sa carrière sur scène alors que la musique est, chez elle, une passion dévorante. Cette fois, elle sera là sans hésiter quand il le lui demandera, mais elle ne jouera plus les chanteuses en pointillé. Même si elle n’ignore rien du système qui l’observe, la guette et la juge. Elle en a pris son parti et l’accepte, faute de pouvoir le combattre.

sexta-feira, 22 de agosto de 2014

POLITIQUE

Hollande promet de nouvelles "annonces" sur ses priorités de rentrée


Des annonces "dès la semaine prochaine" sur les dossiers prioritaires de la rentrée: depuis l'océan Indien où il poursuivait vendredi sa tournée par une étape à Mayotte, François Hollande a confirmé sa volonté de "forcer l'allure" face à une situation économique préoccupante.
"Dès la semaine prochaine" donc, le gouvernement tracera les grandes lignes de réformes dans quatre domaines: le logement, la concurrence et les professions réglementées, la simplification et l'investissement.
"On maintient le cap et on est dans le mouvement, on force l'allure", a insisté le chef de l'Etat lors d'une rencontre avec des journalistes.
A Mayotte vendredi, comme à La Réunion, la veille, François Hollande a parcouru un département d'outre-mer confronté à des difficultés économiques et sociales décuplées par rapport à celles de la métropole.
Le 101e département français, créé en 2011, accumule les superlatifs de la précarité avec un chômage massif (moins d'un adulte sur trois possède un emploi), une population très jeune (un Mahorais sur deux à moins de 17 ans) et peu scolarisée (un sur trois ne l'a jamais été).
François Hollande en aura eu un aperçu sur les routes de l'île bordées d'habitations en tôle ondulée et de bidonvilles. Puis, coutumier des épisodes pluvieux dont il s'amuse lui-même, il a essuyé un véritable déluge alors qu'il devait s'exprimer devant des élus, en pleine saison sèche sur l'île - la plus sèche depuis 1957 selon Météo France.
"Je viens un jour à Mayotte et il pleut. Je sais que ça fait quatre mois que vous attendiez ce moment et j'ai donc organisé ce déplacement à cette fin", a-t-il plaisanté. Sa visite s'est cependant achevée par un accueil festif, chaleureux et bruyant sur la place de la mairie de Dzaoudzi, conclu par une Marseillaise tonitruante.
"Vous êtes venus rappeler votre attachement indéfectible à la France", a lancé le chef de l'Etat.
Au beau milieu d'un interminable bain de foule, il s'est souvenu de sa campagne de 2012. "C'est la même chaleur", a-t-il estimé avant de faire le lien avec la métropole où il bat toujours des records d'impopularité: la "confiance en l'avenir" des Mahorais est "une leçon pour l'ensemble de la population française".
Lui en est persuadé: la relance de la compétitivité de l'économie avec son pacte de responsabilité "va marcher".
"Si je pensais que ma politique n'allait pas porter ses fruits, j'en aurais changé", a-t-il insisté lors de sa rencontre avec des journalistes, revendiquant "sa constance".
"Toute autre politique aurait enfoncé le pays soit dans la dette soit dans la désagrégation sociale", a-t-il encore fait valoir, "sortir de l'euro, laisser filer les déficits ou bien sabrer dans la dépense publique, aucune de ces politiques n'a d'avenir".
- "Un problème de confiance" -
Même s'il reconnaît "que le pacte de responsabilité n'aura d'effet qu'à moyen terme", n'excluant pas que le "mandat suivant en bénéficie", le président Hollande table à court terme "sur l'effet psychologique d'un cadre suffisamment stable pour que la confiance revienne".
"Le problème français, c'est un problème de confiance dans l'avenir", a-t-il souligné, estimant que le retour de la confiance pourrait relancer "l'investissement, privé comme public, qui est la clef de tout et qu'il faut débloquer".
A l'Europe, François Hollande demande du temps pour réduire les déficits publics alors que le ministre des Finances, Michel Sapin, prévoit désormais qu'ils seront supérieurs à 4% cette année, ce qui exclurait de facto un retour à 3%, la norme européenne, dès l'an prochain.
Les Allemands "ont mis dix ans de réformes pour en arriver là où ils en sont et nous en sommes à deux années", a fait valoir le chef de l'Etat.
"Nous allons continuer de réduire les déficits, mais au rythme qui nous paraîtra compatible avec la croissance", a-t-il expliqué.
S'il refuse de se projeter en 2017 - "sinon je n'avance plus" - il estime qu'on peut "faire des réformes et gagner", notant que l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder avait "perdu de peu" en 2005 face à Angela Merkel après avoir engagé une profonde réforme du marché du travail allemand.
Quant à la reprise, s'il reconnaît qu'elle "est faible" et "fragile", il estime qu'elle est bien là avec désormais 0,5% de croissance attendue cette année par le gouvernement. "On n'est plus dans la crise mais l'enjeu, c'est de libérer et de mobiliser toutes les énergies pour sortir de la stagnation", a-t-il affirmé.
Le président de la République achèvera samedi sa tournée dans l'océan Indien par une étape à Moroni, capitale des Comores, où il effectuera la première visite d'un président français depuis François Mitterrand en 1990.

sexta-feira, 18 de julho de 2014

GUERRA DE 1914- 1918

A comemoração do centenário da Grande Guerra é um momento de unidade nacional. Ao dar o pontapé de saída para as comemorações de 14-18, o chefe de Estado insistiu sobre os ensinamentos a retirar da Primeira Guerra mundial, que deve recordar a força de uma Nação quando esta está reunida. Depois de ter evocado os valores da França e da República, o chefe do Estado recordou igualmente "a imperiosa obrigação de uma Europa unida que possa garantir a solidariedade e a paz".
Um 14 de julho colocado sob o signo da fraternidade internacional
Mais de 70 países beligerantes da Grande Guerra foram convidados a participar nos Campos Elíseos do desfile de 14 de julho de 2014. "Esta festa internacional será inédita, já que vai ser internacional", congratulou-se o presidente da República. E para especificar que este desfile será, sobretudo, "uma grande manifestação pela paz".
As outras datas importantes da agenda 2014
  • O dia 3 de agosto de 2014: comemoração da declaração de guerra da Alemanha à França, com a participação do presidente da República federal da Alemanha.
  • Setembro de 2014: comemoração da primeira batalha do Marne, para saudar o heroísmo daqueles que preservaram o país da derrota parando a ofensiva contra Paris.
  • O dia 11 de novembro de 2014: inauguração do memorial internacional de Notre-Dame-de-Lorette, para prestar homenagem a todos os combatentes da Primeira Guerra mundial.
Grande recolha de documentos
Construir uma ponte entre as histórias pessoais e a história nacional, salvar do esquecimento, ou até do desaparecimento, toda uma parte do patrimônio e completar as coleções de arquivos públicos, tais são os objetivos da grande recolha de documentos sobre a Grande Guerra junto de todos os franceses, organizada pela missão do Centenário 14-18.
Cada um é convidado a abrir os seus arquivos pessoais - cartas, cadernos de croquis, jornais, fotos – para dar a conhecer a sua história familiar e proporcionar esclarecimentos preciosos sobre este período. Foram previstos cerca de 70 sítios de recolha repartidos por todo o território a fim de acompanhar os particulares por ocasião da digitalização dos seus arquivos familiares.
Esta documentação de caráter inédito permitirá apreender outra faceta da Primeira Guerra mundial, fornecendo testemunhos de comportamentos coletivos e individuais que o conflito suscitou. Uma vez digitalizados, total ou parcialmente, consoante o interesse para a memória coletiva, estes documentos podem ser consultados na biblioteca em linha Europeana.
A etiqueta centenário
Colocada sob a direção do ministro adjunto responsável pelos Antigos Combatentes, a missão do Centenário também está encarregada de organizar, de 2014 a 2018, os momentos fortes do programa comemorativo definido pelo Governo. Em toda a França e no estrangeiro, mais de mil projetos receberam a etiqueta centenário.
Será dada uma atenção muito especial aos locais de memória. Entre eles: o memorial de Verdun, o historial de Péronne, na Somme; o museu da Grande Guerra do país de Meaux; o espaço museológico sobre o Chemin des Dames.

quinta-feira, 19 de junho de 2014

GASTRONOMIE

    La cuisine, centre d'art appliqué à l'alimentation dans la plaine du Quercy

    17 juin 2014
    Faire vivre un centre d'art, sur les ruines d'un château, en lien avec la campagne qui l'environne : c'est le pari du village de Négrepelisse, en Tarn-en-Garonne, Midi-Pyrénées, concrétisé en verre et acier par les architectes espagnols de RCR, déjà auteurs du Musée Soulages dans l'Aveyronvoisin.
    Dans la plaine agricole, à quinze kilomètres de Montauban, Négrepelisse indique encore sur les panneaux à l'entrée de village: "ruines du château du XIIIe siècle". Mais c'est entre les courtines de cet ancien édifice fortifié de ce village du Quercy qu'a ouvert La cuisine, "centre d'art et de design appliqués à l'alimentation".
    La structure, qui fonctionnait déjà depuis plusieurs années, s'est installée en janvier 2014 dans ces nouveaux murs.
    Audacieux pour un département essentiellement agricole jusqu'alors dépourvu de centre d'art, le projet se trouve aujourd'hui parfaitement servi par le cabinet d'architectes RCR, fondé en 1987 à Olot (Espagne) par un trio de Catalans - Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta - et aujourd'hui internationalement reconnu.
    Comme il l'avait fait de façon exemplaire à Rodez (Aveyron) pour le musée du peintre Pierre Soulages, RCR a conçu à Négrepelisse un bâtiment qui respecte les lignes de force du site. Leur structure horizontale, en verre et acier Corten, s'adosse à ce qui restait du château édifié il y a 700 ans, quand des vicomtes faisaient peser là leur autorité de seigneurs. Elle ne s'impose pas au paysage ni au village, mais ménage des ouvertures sur la nature environnante, le clocher de l'église voisine, l'Aveyron coulant en contrebas...

    Centre d'art avec fourneaux

    En plus d'un atelier pour les artistes et designers qui y sont accueillis en résidence, le lieu se flatte d'être "le seul centre d'art en France doté d'une cuisine d'expérimentation", prolongé par une salle d'exposition et un auditorium, tandis qu'un centre de documentation se niche dans une petite tour soigneusement réhabilitée.
    Ce nouveau lieu de culture pourrait sembler a priori seulement dans l'air du temps, alors qu'on n'a jamais autant parlé des aliments ou de la cuisine, tout en généralisant les nourritures strandardisées, prêtes à consommer, prêtes à jeter... Mais, ici, "l'alimentation s'est imposée comme une thématique fédératrice parce que le Tarn-et-Garonne est l'un des premiers départements producteurs de fruits et légumes", souligne la directrice artistique.
    Au-delà du "eat art" centré sur la nourriture et les rituels des repas, initié il y a plus de 50 ans par l'artiste plasticien suisse d'origine roumaine Daniel Spoerri, La cuisine veut tout questionner, des us et coutumes de la table jusqu'à la façon dont les paysages sont construits avec l'agriculture.
    Il accueille actuellement l'exposition d'une artiste plasticienne de 38 ans, Suzanne Husky, qui a résidé un an et demi au village et s'attache aux "petites choses qui constituent la réalité d'un monde agricole loin de toute forme industrielle". Le service de table en faïence qu'elle a créé est un reflet - faussement naïf - du Négrepelisse 2014 : dans les assiettes, apparaissent une moissonneuse-batteuse, le cimetière, un camion militaire annonçant "l'armée de Terre recrute", une manifestation contre "l'agrobusiness", une autre contre le gaz de schiste...
    Jusqu'en 2016, La cuisine veut "interroger les relations ambiguës et problématiques que l'homme entretient avec le vivant". Avec son territoire comme matière première.